Observatoire écocitoyen des pollutions et de l’urbanisation de Sebikotane

L’urbanisation de Sebikotane ne répond pas à une réelle vision d’ensemble. La construction d’infrastructures
comme l’installation et le chevauchement de zones industrielles et résidentielles le long des cours d’eau les mettent sous pression, entraine parfois leur rupture et toujours leur pollution (déchets de chantier, ménagers, d’usines). Les habitants, directement dépendants de la ressource eau (éleveurs, agriculteurs…), rencontrent de graves difficultés (réduction de l’accès, maladies dans les élevages, contamination des productions agricoles). La nappe phréatique de Sebikotane, autrefois qualifiée d’ « illimitée », est surexploitée par les industries et l’agriculture industrielle, présente désormais des signes d’épuisement, avec le risque de phénomènes de cassures du sol et de formations de crevasses. Les signes de dégradation environnementales sont flagrants et aggravent la crise l’agriculture et de l’élevage, à laquelle s’ajoute une question de santé publique qui doit être investiguée.

La disparition de la forêt combinée à l’urbanisation qu’elle a participé à déclencher produit de la désertification. Pourtant, il y a toujours de l’eau, dont le cycle semble même retrouver son rythme antérieur aux années 70. A chaque pluie l’eau retrouve son chemin, mais là où elle passait, stagnait, infiltrait les sols, il n’y a plus de végétation pour la retenir. Son passage se fait de plus en plus rapide, entrainant une érosion inquiétante : les sols se déplacent, réduisant la quantité de terres arables dans certaines zones de culture. Sur son chemin, à la place des arbres se construisent chaque jour de nouvelles maisons, des rues, des quartiers. Le paysage se fragmente et se ferme, il resserre le passage de l’eau et la contraint à y creuser des ravines de plus en plus profondes. Ou bien il empêche son écoulement et génère des inondations qui mettent en question l’habitabilité de certains espaces où, pourtant, l’habitat et l’industrie sont de plus en plus denses.

Les habitants sont victimes de cette crise, et pourtant, ils font partie des principaux acteurs de cette fabrique de la ville. Ils le sont, mais chacun à l’échelle de sa parcelle, de son projet individuel. La maison est pensée indépendamment de la communauté et du territoire, elle est décorrélée de son contexte, sans prise en compte réelle du sol en argile, de la rivière qui déborde, de l’usine qui pollue. Le déni prend la forme de murs pour cacher derrière lui la catastrophe, de dalles de béton devant la maison, de digues improvisées, qui tous participent à la mécanique de l’inondation, à l’érosion des sols et à la pollution du territoire. La relation entre présence humaine et eau, jadis interdépendante, est désormais en tension. Autrefois bénédiction, l’eau devient l’un des pires problèmes de Sebikotane.

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