Introduction: l’Atelier Eau, vision et ambition

L’Atelier Eau est un dispositif écocitoyen de réflexion qui rassemble des habitants, des scientifiques et des artistes pour repenser la place de l’eau dans la ville en train de se faire et agir. Il est mené dans le cadre de l’Observatoire écocitoyen des pollutions et de l’urbanisation de Sebikotane, initié par le CNRS et l’UCAD, en lien avec la municipalité de Sebikotane. L’Atelier Eau se déploie comme un archipel de dispositifs interconnectés visant à créer un espace d’attention partagée. Il est une réaction à la déréalisation de notre rapport au monde, cherchant à renouveler les ancrages et à explorer les attachements au territoire – comment a-t-on envie de l’habiter – qui contiennent des possibles désirables. C’est une tentative de reprendre la main sur la fabrique de la ville, de reprendre les territoires en posant collectivement des gestes sensibles, sociaux et artistiques.


L’eau comme commun


Le rôle de l’eau dans les écosystèmes comme dans les activités humaines est vital, pourtant elle est ignorée dans le processus en cours de fabrique de la ville. L’artificialisation des sols, les remblaiements, les pollutions mettent sous pression les systèmes hydriques, exposant la ville en devenir aux inondations, pollutions et pénuries, tout en impactant les activités agricoles et pastorales. L’eau, qui a été la chance de ce territoire et aux fondements de son identité devient l’un de ses plus grands problèmes. Elle doit retrouver son rôle structurant dans l’organisation spatiale et sociale du territoire. Il faut donc repenser sa place dans la ville : notre mission est de faire d’elle un commun, un bien partagé, objet d’une attention et d’un soin collectifs, un facteur de lien social et un support d’imaginaires collectifs capable de transformer notre relation au territoire.

Objectifs et fonctionnement
À travers une démarche collective rassemblant habitants, artistes et chercheurs, l’Atelier Eau vise à explorer l’impact de l’urbanisation sur les milieux, documenter les mutations du territoire et initier des transformations concrètes à travers le prisme de l’eau. Par l’enquête collective, nous esquissons la proposition d’une histoire environnementale sensible du territoire, et une archéologie du présent pour redéfinir notre rapport au milieu.

Son fonctionnement repose sur:

• Des arpentages collectifs
• Des ateliers thématiques autour de problématiques ciblées
• Des outils numériques élaborés par le Medialab de l’Observatoire
• L’élaboration de prototypes urbains et sociaux à partir des ateliers, dans une logique de réalisation concrète
• Un système de restitutions évolutif pour alimenter un processus continu d’échanges et de réflexion

Parmi les actions phares envisagées, l’Atelier Eau organisera une grande marche-festival au printemps 2026, qui suivra les principaux cours d’eau du territoire. Moment clé du projet, cet événement permettra de restituer nos premiers résultats, de mobiliser autour des enjeux de l’eau, et de rendre visibles nos propositions émergentes à travers diverses expressions artistiques (théâtre-forum, musique, arts visuels) déployées au plus près des quartiers et des points d’eau concernés.

Les ateliers donnent naissance à une bibliothèque de solutions locales, archive visuelle et technique de systèmes vernaculaires de gestion de l’eau et accessibles via des outils numériques.

Les prototypes peuvent être à la fois spatiaux et sociaux. Ce sont des dispositifs ouverts et situés, low-tech, dans une perspective d’appropriation par les habitants et d’autonomisation à travers une vision de l’eau comme élément structurant de la ville et de la communauté. Par exemple :

• Aménager une ravine pour en faire un corridor écologique
• Penser des espaces publics et des parcours de randonnée tracés par l’eau
• Imaginer des formes d’entretien collectif de points d’eau

Les outils numériques du médialab mettent en lien les participants et en partage les matériaux (enquête, collecte, échange, documentation). Les dispositifs et les réalisations de l’Atelier ont vocation à devenir pérennes, gérés par les habitants.